G.U.P.S

Une histoire de la Palestine
 
 

Palestine biblique

 
La Palestine recèle de nombreux vestiges néolithiques, ainsi que des fossiles de la lignée d'hominidé, aujourd'hui disparue, de l'Homme de Néandertal. Les plus anciennes traces datent de 300 000 ans avant notre ère, au sud du lac de Tibériade. Des fouilles concernent la période néolithique (domestication des plantes et des animaux, sédentarisation) au Proche-Orient qui remonte au IXe millénaire avant notre ère. La ville de Er Riha (Jéricho), habitée dès le VIIIe millénaire, est l'une des plus vieilles du monde. L'existence de la cité cananéenne Ourousalim (rebaptisée Yéroushalayim, Jérusalem, lorsqu'elle sera finalement conquise par David vers l'an -1000, après deux siècles d'isolement au milieu des autres cités occupées par les Hébreux) est évoquée dans des écrits datant de 2000 avant J.-C.

On retrouve en Cisjordanie des vestiges de la civilisation dite natoufienne, sans doute nomade, entre le XIe et IXe millénaire avant notre ère. Le néolithique du VIIIe millénaire laisse apparaître une civilisation sédentaire, pratiquant l'agriculture et l'élevage. Au VIIe millénaire, la céramique fait son apparition, ainsi que d'autres formes d'artisanat. Les influences suivantes viennent du nord, dans la première partie du IVe millénaire, par la métallurgie et l'utilisation de l'ivoire, puis du sud, par l'Egypte, à la fin du IVe millénaire.
La période du IIIe millénaire est nommée cananéenne. Par les contacts avec l'Egypte, l'économie se développe dans le commerce de la céramique et par des constructions. De nombreuses villes cananéennes apparaissent, rapidement fortifiées. C'est dans la première partie du IIe millénaire que débarquent en Palestine des populations sémites originaires de Mésopotamie (s'il faut en croire la Torah, le patriarche Abraham, ancêtre des peuples juifs et arabes, est originaire d'Our, en Irak). Des tablettes en Egypte les mentionnent comme des groupes nomades de pillards, arrivant en Palestine et en Egypte, s'emparant du pouvoir dans la partie orientale du delta du Nil.

Ce groupe, exposé à diverses calamités, probablement au XIV-XIIIe siècle, accentuées par une invasion égyptienne en Palestine, s'exile vers Egypte. C'est vraisemblablement là que naît le judaïsme, religion révélée par Moïse qui à l'origine affirme la prédominance d'un unique dieu sur les autres, une sorte de « monolâtrie ». On estime qu'elle ne deviendra monothéisme à part entière qu'au retour de Babylonie.

La Palestine se renforce de deux peuples, le groupe revenu d'Egypte et du sud de Canaan, un autre de Harran, en Haute-Mésopotamie, qui fusionnent vers la fin du XIIIe siècle. Le premier, minoritaire, impose sa religion à l'autre. Cette communauté de quelques milliers d'hommes s'intègre dans une région peu peuplée. Se renforçant à partir de l'actuelle Cisjordanie, elle s'allie avec d'autres communautés de Transjordanie et de Galilée. Sous la direction des rois Saül et David, l'arrivée des Philistins, peuple urbain et dynamique d'origine grecque, est repoussée (-1000). David fait alors l'union de 2 royaumes, Juda au sud et Israël au nord. Mais après Salomon, le fils de David, le schisme des deux royaumes devient inévitable, Israël disparaît sous les Assyriens en 722.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Guide Bleu ; Encyplopédie Larousse.
 
 
 

Conquêtes et croisades
 
L'empire assyrien s'écroule vers 609, laissant place en Palestine à la puissance babylonienne, provoquant de nombreuses révoltes. Au VIe siècle, au cours de graves répressions, Jérusalem est prise, son temple est détruit et le royaume de Juda devient province babylonienne. Son élite économique et politique, quelques 20 000 personnes, est déportée vers la Babylonie.
La région passe alors sous l'emprise perse, par la conquête de Babylone, avec Cyrus, qui en 539 autorise le retour d'exil aux Juifs. Beaucoup ne rentreront pas, étant depuis plus d'une génération au cœur de l'empire perse et peu attirés par la situation économique de Judée.
Au IVe siècle, la Judée et la Samarie se redressent. Jérusalem est restaurée et les communautés sous les Perses retrouvent une certaine liberté. Les Juifs restaurent le temple.
Du IVe siècle jusqu'à 636 après J.-C., la Palestine s'héllénise progressivement, après l'arrivée d'Alexandre le Grand. Ses descendants, les Séleucides, contrôlent la région au IIIe siècle avant notre ère. De nombreux Grecs se sont installés et la communauté juive devient minoritaire. Celle-ci, malgré de graves crises sociales, va fortement être influencée par la culture grecque, dans les domaines sociaux, philosophiques mais également religieux. Certains juifs partent vers les cités grecques. De cette émancipation, on assiste en 164 avant J.-C. à la naissance du nouvel Etat juif, le royaume hasmonéen.

Venus au besoin des Juifs lors de la révolte des Maccabées en 164 avant J.-C., les Romains s'implantent dans la région. La conquête commence en 63 avant J.-C., marquée par le siège de Jérusalem par Pompée. La loi romaine s'étend sur la Judée, qui s'inscrit maintenant dans la province « Syrie-Palestine ». La dynastie d'Hérode le Grand commence en 40 avant J.-C. Après l'échec de la révolte de Bar Kochba, en 135 après J.-C., on assiste à l'expulsion des Juifs de Judée.

Au début du premier siècle, naît en Cisjordanie un Juif très influent nommé Jésus. Il meurt probablement crucifié par les Romains. Des écrits célèbres, quelques siècles plus tard, lui prêtent une origine divine. C'est l'origine du christiannisme.

Au premier siècle, la population est essentiellement grecque. La communauté juive représente le quart ou le tiers des habitants. Autour de ces communautés, on retrouve des groupes arabes et des Nabatéens dans le sud de la Palestine.
A partir du IVe siècle, avec le déclin de l'empire romain et la montée du christiannisme, la Palestine est devenue Terre sainte. Les empereurs byzantins de Constantinople et de l'empire romain d'Orient s'y intéressent. Au VIe siècle, au côté des nouveaux chrétiens majoritaires, vivent des Juifs et des Arabes, ainsi qu'une communauté samaritaine qui va quasiment disparaître.

Au VIIe siècle, sous la dynastie des califes omeyyades, les Arabes conquièrent la Palestine et s'y établissent, repoussant les armées byzantines. Au début du VIIIe siècle, la mosqué al-Aqsa est construite près du nouveau Dôme du Rocher. Avec la dynastie des Abbassides de Bagdad, en place jusqu'au Xe siècle, de nombreux groupes d'Arabie se mèlent aux populations chrétiennes et juives qui adoptent langue et coutumes musulmanes des arrivants. Au Xe siècle, la dynastie régnante des Fatimides s'oppose aux attaques turques, bédouines et byzantines.

La venue des croisés prend forme à la fin du XIe siècle, sous l'influence du pape Urbain II. Ils s'emparent de Jérusalem et s'opposent dans tous le pays aux musulmans. Il n'y a pas de conversion forcée mais une repression et des persécutions sur les populations locales, musulmanes, chrétiennes et juives. Ces derniers choississent l'exil et disparaissent presque de Palestine.
La reconquête par Saladin de Jérusalem ouvre une ère où la région est divisée entre chrétiens croisés et musulmans. Cette période est favorable à la communauté juive qui se renforce surtout sur les villes côtières.
Du XIIIe au XVIe siècle, les Mamelouks succèdent aux croisés tandis que s'accroît le prestige de Jérusalem dans le monde arabe. Parallèlement, la Palestine est devenue la destination des réfugiés arabes chassés par les Mongols en Irak et en Syrie. La communauté juive est quant à elle renforcée par l'arrivée à la fin du XVe siècle de réfugiés juifs de l'expulsion d'Espagne, et voit s'accroître le rayonnement intellectuel et religieux de Safed, en Galilée.

La Palestine se développe économiquement sous l'annexion ottomane, au XVIe siècle. Les lieux de culte musulmans à Jérusalem sont rénovés et la population s'accroît fortement. Les communautés chrétiennes sont composées de Grecs orthodoxes, d'Arméniens et de catholiques ; la population juive se concentre et se renforce en Galilée.
Les Ottomans se retirent progressivement de la Palestine au XVIe siècle, Bonaparte y passe, suivi d'une courte présence égyptienne au XIXe siècle, et la région subit une forte dépression économique. Mais, à la fin du XIXe siècle, la Palestine redevient l'objet des convoitises, notamment européennes, et sa population voit l'arrivée massive d'Arabes de Transjordanie, tandis que les minorités chrétiennes et juives s'étendent également.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Guide Bleu ; Encyclopédie Larousse.
 
 
 

Palestine mandataire
 
Sous la pression de l'antisémitisme qui sévit en Europe, dès la fin du XIXe siècle, des Juifs s'installent sur les terres de Palestine, alors région arabe sous domination ottomane. A l'aube du XXe siècle, le Yishouv, la communauté juive de Palestine, représente 5 % de la population. Le sionisme, doctrine qui vise à l'établissement d'un Etat juif en Palestine, est défini par Theodor Erzel dans l'Etat des Juifs, paru 2 ans après le début de l'affaire Dreyfus.
Les peuples juifs dispersés ont, dans plusieurs régions du monde, gardé une cohésion par des fonctions sociales qu'ils occupaient davantage que par la religion, tandis que la communauté de Palestine s'est en grande partie fondue au sein de la population arabe. En Europe de l'Ouest, le développement des intérêts juifs est mal perçu par les industries locales qui désignent ces communautés comme inassimilables. Ce raisonnement est également relayé par les fondateurs du sionisme comme Herzl, quitte à obtenir des accords avec le gouvernement russe pourtant responsable de pogroms. Les branches françaises et anglaises de la famille Rothschild notamment, hostiles à la venue en Europe occidentale de réfugiés juifs d'Europe de l'Est qui fuient l'antisémitisme, préfèrent les inciter à prendre le chemin de la Palestine.

Après avoir aidé les Arabes dans leur révolte contre les Ottomans, La Grande-Bretagne, qui promettait auparavant une nation arabe unie, occupe et administre la Palestine à partir de 1917.
La communauté juive en la personne de Haïm Weizmann obtient en 1917 un certain appui des Britanniques par la déclaration Balfour, qui évoque alors le "national home for Jewish people" :
" Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour la réalisation de cet objectif, étant entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives ". A l'époque de cette déclaration, la communauté juive rassemble 10 % de la population de la Palestine mandataire. Les arrière-pensées alors ne manquent pas puisque c'est Balfour lui-même qui faisait campagne quelques années plus tôt pour interdire l'accès au territoire anglais aux Juifs venant d'Europe orientale.
Jusqu'en 1947, de façon exponentielle, la population juive de Palestine augmente, sous l'effet de discriminations et d'intolérance croissantes en Europe, jusqu'au génocide de la Seconde guerre mondiale, perpétré par le régime nazi allemand, dans lequel périssent lors de pogroms, liquidations, mais surtout éliminations industrielles et gazages dans des camps de concentration, plus de 5 millions de Juifs, près du tiers des peuples juifs de la planète.

L'arrivée du flux humain, conséquence indirecte de la montée du nazisme en Europe, et son intégration se font avec difficulté. Economiquement, c'est pourtant une croissance exceptionnelle. Les productions agricole et industrielle explosent, mais les inégalités sociales sont très marquées, notamment par le revenu moyen arabe qui reste moitié de celui connu par la population juive. La difficulté tient aux différences culturelles énormes entre la population autochtone et les réfugiés. Aux archaïsmes sociaux de la communauté arabe s'oppose la détermination et l'idéalisme socialiste des immigrés juifs. Malgré tous leurs efforts, ces derniers sont bien souvent perçus comme des colons.
Alors que les Arabes sont manipulés par leurs chefs, qui encouragent un nationalisme palestinien souvent violent, les réfugiés juifs finissent également par suivre les directives de l'Agence juive et des élites sionistes, plus soucieux de la création d'un Etat que d'une entente des deux communautés, voire du sauvetage d'un maximum de Juifs du génocide. La finalité du sionisme, propagée par la suite par tous les gouvernements israéliens, est l'extension de l'Etat juif sur l'ensemble de la Palestine.
Assassinats de colons et représailles contre les présumés coupables sont le quotidien des colonies juives. L'achat de terres pour les colonies se fait souvent à des prix démesurés et représente un gain à court terme pour les villageois arabes. Ce sont en fait dans 85 % des cas de grands féodaux arabes qui vendent leurs terres au Fonds national juif, au détriment des paysans qui les exploitent. Les Arabes dénoncent la dépossession de leurs terres "de gré" ou, plus tard, de force, et la destruction progressive de l'identité arabe autochtone. Cette colonisation possède un caractère très particulier puisqu'il ne s'agit pas pour les sionistes d'exploiter les ressources, notamment humaines, de la région où ils s'installent, mais de s'y substituer.
Une ségrégation économique apparaît très vite dans les faits, à l'image de la Centrale syndicale Histadrout exclusivement réservée aux Juifs. Et, dans de nombreux secteurs, apparaît le refus systématique de faire travailler les Palestiniens.

En 1929, se déroule le massacre d'une partie de la communauté juive d'Hébron. Des meurtres et des violences sur la communauté juive dans les années 20 et 30 préfigurent un conflit plus général. Le haut-commissaire britannique Wauchope propose alors la constitution d'une assemblée représentante de la population  de Palestine, mais cède rapidement au refus des Juifs, qui ne représentent qu'un quart de la population.
La révolte arabe de 1936, difficilement contenue, marque un tournant dans la colonisation. Ordonnée par les Britanniques avec le soutien d'organisations sionistes, la répression fait plusieurs milliers de victimes parmi les Arabes. Dans le même temps, la communauté juive est chassée d'Hébron. Jouant avec les uns ou les autres, pensant atténuer les effets du panarabisme et du révolutionnarisme juif, les Britanniques, qui ont si bien su diviser pour mieux régner, ne contrôlent plus la situation.

Sous cet afflux de réfugiés, la Palestine voit la population du Yishouv passer de 80 000 en 1917 à 600 000 en 1946. Le nombre de colonies juives avoisine les 300 à la fin de la Seconde guerre mondiale et représentent 8 % des terres. Les Britanniques limitent pourtant cette immigration (le "Livre blanc"), fixant au tiers la proportion maximale de population juive en Palestine. Malgré ces contraintes, la Palestine reste la terre vers laquelle émigrent le plus de réfugiés juifs. Les Etats-Unis, en comparaison, n'accordant que 57 000 visas entre 1940 et 1948, se ferment aux rescapés juifs alors que la moitié d'entre eux auraient choisi l'Amérique comme terre d'accueil. En Europe de l'Est, une nouvelle vague de pogroms se produit en 1945-1946.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; La Tour d'Ezra, Arthur Koestler ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

Un partage avorté
 
Depuis quelques années, les Britanniques paient le prix fort pour le maintien de leur troupe en Palestine, financièrement mais également en hommes, par les attentats répétés de Stern et de l'Irgoun, celui de l'hôtel King David qui fait 114 morts sera le plus retentissant.
Les sionistes bénéficient des circonstances les plus favorables, par le consensus inespéré des Américains et des Russes. La position du représentant religieux, le Mufti Husseini, pendant la Seconde guerre mondiale gène les aspirations palestiniennes, celui-ci avait choisi le soutien à l'Allemagne, bien que la plupart des Palestiniens qui s'étaient engagés dans le conflit l'avaient fait aux côtés des Alliés. Les Etats-Unis entendent contrôler la Palestine au départ des Britanniques, et le poids des organisations juives américaines pour la réélection de Truman est déterminant. Les Soviétiques voient au contraire dans le départ des Britanniques un moyen d'en limiter les visées impérialistes dans la région.
Les derniers mois de 1947 sont marqués par les effets très médiatiques du refoulement des 4500 réfugiés du cargo Exodus, qui apportent un soutien international déterminant aux visées sionistes. Le choc des camps de la mort et les centaines de milliers de survivants sans terre d'accueil créent une situation exceptionnelle. D'immenses camps de réfugiés sont créés à Chypre. Et, dans le même temps, l'opinion n'a aucune connaissance des revendications palestiniennes en matière de droit à l'autodétermination. Les propositions pour un Etat fédéral sont systématiquement repoussées par l'Agence juive et les traits d'un partage se dessinent.
Définissant les futurs Etats de taille à peu près égales, la proposition n'a pourtant rien de symétrique :
- l'Etat juif est défini de façon à englober quasiment toutes les colonies juives (seule une communauté de 10 000 personnes se retrouvera dans l'Etat arabe), tout en garantissant de peu une majorité des Juifs dans cet Etat (558 000 Juifs pour 405 000 Arabes)
- l'Etat arabe est par voie de conséquence à 99 % arabe, avec une communauté de 804 000 habitants.
- une petite zone internationale centrée sur Jérusalem, comptant 100 000 Juifs pour 105 000 Arabes.
Le déséquilibre est flagrant, puisque la même volonté, mais inversée au profit des Arabes, de rassembler dans le même Etat la quasi-totalité des villages de cette communauté, aurait amené la création d'un Etat arabe sur presque toute la Palestine sous mandat.

2 % des Juifs, soit 10 000 personnes, ne se retrouvent ni dans l'Etat juif ni dans la zone internationale de Jérusalem. 31 % des Arabes, soit 405 000 personnes, ne seront ni dans l'Etat arabe ni à Jérusalem.

L'Etat juif est sensiblement plus grand. Même si une grande part de sa superficie est occupée par le désert du Neguev, l'essentiel des terres côtières cultivables lui revient. Ainsi, 57 % du territoire total, 80 % des terres céréalières et 40 % de l'industrie de Palestine sont récupérés par la communauté juive, ne composant pourtant que le tiers de la population totale et n'ayant que 7 % de la propriété foncière.

Le partage équivaut pour la population autochtone à céder à une communauté minoritaire composée de très récents immigrés pour la plupart, la moitié d'un territoire qui, par l'illégitimité de la colonisation britannique, leur revenait de droit. La résolution est acceptée par une majorité de représentants sionistes mais rejetée par les Palestiniens.
Le partage n'est d'ailleurs pas voté par les principaux intéressés, Juifs et Arabes de Palestine, mais par un organisme international.
 

Pour le roi Abdallah de Transjordanie, la situation est ambiguë. En 1947, il répète à l'Agence juive qu'il accepte la naissance d'Israël s'il peut récupérer l'Etat arabe, prenant le risque d'un non-alignement avec ses voisins.
Le 17 novembre 1947, à Naharayim, Golda Meyerson (Meir) et le roi Abdallah concluent un accord secret de non agression directe au delà de la ligne de partage prévue des deux Etats. Stratégie qui a le soutien des Britanniques, favorables à l'Etat juif, mais préférant voir l'Etat arabe rattaché à la Transjordanie. Ainsi, au cours de la guerre, la Légion arabe (les forces transjordaniennes) s'est abstenue de pénétrer dans l'Etat israélien, et ses combats contre les forces juives ont été limités à Latroun et Jérusalem, domaine extérieur aux accords du 17 novembre. Toutefois, sous la pression populaire, la Transjordanie ne pourra s'isoler de la coalition arabe et intervient en mai 1948 dans le secteur défini arabe.
Aujourd'hui encore, l'histoire officielle israélienne ne voit qu'une coalition arabe unie à cette période, et l'Etat hébreu seul contre tous.

Lors du vote à l'Assemblée générale des Nations unis, le 29 novembre 1947, deux tiers des voix sont nécessaires pour entériner la proposition de partage. La résolution passe par 33 voix contre 13 et 10 abstentions, dans un climat douteux : des pays comme le Libéria et la France se sont vus menacés de représailles en cas de vote négatif, quelques « enveloppes » ayant été distribuées à d'autres représentants.

Bibliographie : Le péché originel d'Israël - L'expulsion des Palestiniens revisitée par les "nouveaux historiens" israéliens, Dominique Vidal, Les Editions de l'Atelier ; Carnets de route en Palestine occupée, Danièle Sallenave ; L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

La guerre de 1948
 
En fait, jusqu'en mai 1948, déclenchement de la première guerre israélo-arabe, la tension monte, les expulsions commencent. Le 15 mai, environ 23 000 soldats arabes attaquent Israël, qui disposent alors de 19 000 soldats. Libanais et Syriens rentrent dans le Nord, les Egyptiens isolent des kibboutz du Néguev, prennent Beer Sheva et remontent vers Tel-Aviv. Mais les forces juives reprennent rapidement le dessus et poursuivent leur politique d'expulsion.

L'étude de Benny Morris, l'un de ceux que l'on nomme les « nouveaux historiens » israéliens, est révélatrice. Rejoignant les études d'historiens palestiniens comme Abou Loughod, il rappelle que les Palestiniens n'ont pas choisi l'exil pour la plupart d'entre eux, mais qu'ils furent chassés par les troupes juives.
Pour les 369 villes et villages arabes de l'Etat israélien et des zones qui passeront sous contrôle israélien avant la fin du conflit, il établit les causes du départ des habitants.
228 villes et villages ont été désertés sous les attaques juives, 41 donnant lieu à une expulsion manu militari.
90 villages se sont vidés de leur population, affolée par les témoignages de massacres, notamment celui de Deir Yassine.
Pour 45 cas, Benny Morris avoue ignorer les causes du départ.
Dans seulement 6 cas, le départ s'est fait à l'appel des autorités locales arabes.

Ces procédures visant à « purifier » l'Etat israélien sont une des composantes de la politique sioniste. Celles-ci définissent d'ailleurs clairement les étapes de l'expulsion dans un plan élaboré par les autorités juives, le plan Dalet :
- aucune des colonies juives de l'Etat arabe prévu ne devra être abandonnée,
- les villages palestiniens de l'Etat juif devront être détruits et leur habitants expulsés,
- les villages entre Tel-Aviv et Jérusalem devront être occupés.

Benny Morris souligne ainsi l'absurdité de la thèse encore extrêmement répandue en Israël et même en Europe qui faisait état de 500 000 Arabes quittant leur foyer à l'appel d'ordres radiophoniques ou locaux des autorités arabes.
En fait, entre 800 000 et 900 000 Palestiniens sont devenus réfugiés par la politique d'expulsion israélienne. Cette tragédie humanitaire, la Nakhba, est toujours ignorée par Israël.

Au total, 5 vagues successives marquent l'exode.
Dans la première, de décembre 1947 à mars 1948, environ 70 000 habitants, surtout les Palestiniens aisés des agglomérations, fuient les prémisses d'un conflit devenu inévitable et dont ils veulent préserver leur vie, parfois encouragés par des représentants palestiniens comme le Mufti Husseini. Dans ces mois qui précèdent la guerre, des attentats d'une rare violence touchent les civils, des Juifs massacrés dans les hôpitaux, des bombes palestiniennes dans les rues juives et les attentats du Lehi dans les quartiers arabes font souvent des dizaines de victimes civiles. Les raids de l'Irgoun et du Lehi vident, par de violentes expulsions, des quartiers arabes de Jaffa, Jérusalem-Ouest, ainsi que de quelques villages ruraux.
Le plan Dalet mis en action lors de la contre-offensive juive crée une deuxième vague de l'exode qui s'étale d'avril à juin 1948, marqué en avril 1948 par le massacre de 250 habitants du village de Deir Yassine par les miliciens de l'Irgoun et du Lehi.
Quand Haïfa est attaquée par la Hagana, les troupes ont ordre de « tuer tout arabe rencontré ». Maisons incendiées ou dynamités, expulsions lorsque les Arabes n'ont pas fui, se produisent dans tout le pays.
Un rapport rédigé par les services de renseignements de l'armée israélienne et daté du 30 juin 1948 estime à près de 400 000 les habitants palestiniens qui ont quitté le territoire à ce jour et affirme que près des trois quart des départs ont été directement provoqués par les Israéliens.

Les nouveaux historiens israéliens font tomber un autre mythe de l'histoire officielle, encore plus répandu, celui de la prétendu faiblesse en nombre et matériels des forces juives. L'image d'un combat de « David contre Goliath » est encore présente dans les esprits. La réalité est tout autre puisque dès la fin du mois de mai 1948, les forces israéliennes peuvent aligner 65 000 soldats face au 40 000 des Etats arabes, et sont bien mieux équipées. Benny Morris affirme : « de décembre 1947 au 14 mai 1948, (...) les Juifs furent, lors de presque toutes les batailles décisives, plus nombreux, mieux armés et mieux entraînés que leurs adversaires ». La situation inconfortable du 15 mai ne va guère durer, Israël recevant les renforts en hommes et en matériels de Tchécoslovaquie renverse rapidement la tendance et reprend l'avantage fin juin en nombre et en moyens.

De juillet à août a lieu la troisième vague de l'exode. Les bombardements sur Lydda (Lod) et Ramlah sont accompagnés d'un massacre de 250 civils. Itzhak Rabin et Ben Gourion organisent l'expulsion vers l'est par camion et bus des habitants, expulsion suivie d'un pillage incontrôlé de la ville. Les expulsions continuent au nord, avec toutefois des bombardements plus rares.
En août, de nouvelles opérations, parfois explicitement nommées « purification », se produisent dans des villages au nord de Tel-Aviv, avec de nombreuses liquidation de civils.

La quatrième vague commence dans le Néguev, qu'Israël entend occuper au plus vite. Des groupes de villageois de Beer Sheva, notamment, sont expulsés vers la bande de Gaza. Leur nombre dans cette région monte à 230 000.

Enfin, de novembre 1948 à juillet 1949, de nouvelles expulsions ont lieu. Des attaques au nord ont pour but de raser tous les villages arabes sur une bande de 5 à 15 kilomètres de la frontière du Liban. D'autres expulsions chassent les Arabes revenus « illégalement ». Des Arabes sont souvent victimes de violences, de tortures, parfois de tentatives de viols.

Les massacres et atrocités des armées israéliennes ne se limitent pas à Deir Yassine comme c'est l'opinion couramment admise en Israël aujourd'hui. Fin janvier 1948, 60 habitants, civils pour la plupart, sont brûlés dans leur maison du village de Balad al-Cheikh. Le même nombre de civils est massacré dans le village de Sacsac le 15 février 1948, les maisons dynamités sur leurs habitants. En août, 250 civils sont massacrés après les bombardements de Lod. Le 29 octobre 1948, une centaine de civils sont abattus à ad-Dawayima, à l'est d'Hébron, les enfants y sont tués à coup de bâtons sur la tête. Après la prise, les observateurs de l'ONU confirmèrent le massacre de civils, alignés et tués à la mitraillette, plusieurs centaines selon des sources arabes. A Safsaf, d'après un rapport du Comité politique du Mapam, à Eilabun, des dizaines d'hommes sont abattus, et on compte quelques viols.
Des voix s'élèvent cependant, comme celle du ministre de l'agriculture, Aharon Zisling, qui reproche à Ben Gourion d'avoir ignoré le problème. « Maintenant les Juifs aussi se conduisent comme des nazis et mon être entier en est ébranlé » déclare-t-il le 17 novembre 1948.

Les nouveaux historiens affirment aujourd'hui que toute cette politique d'expulsion a été voulue et organisée par Ben Gourion, souhaitant notamment une Galilée « propre et vide » d'Arabes (Benny Morris, The Birth of The Palestinian Refugee Problem, 1947-1949, p 218). Ils expriment le fait que le problème des réfugiés n'est pas une conséquence normale de la guerre, mais l'expression d'une politique délibérée. Les notes de Ben Gourion confirme cette version : "A chaque étape, écrit-il, un souffle décisif doit frapper, provoquant la destruction des maisons et l'expulsion de la population". Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des héros fondateurs de l'Etat.

La guerre s'achève en janvier 1949. Israël laisse alors passer des occasions de faire une paix avec les nations arabes lors de la réunion de Lausanne, pensant que le moment n'est pas venu et intransigeante depuis sa victoire militaire.

Pendant les années qui suivront, tout sera fait par les gouvernements israéliens pour d'une part occuper la place vide laissée en occupant les maisons ou créant de nouvelles colonies, empêcher d'autre part tout retour des réfugiés dans leur villages d'origine. Cet état de fait sera maintenu malgré les résolutions de l'ONU. Ce que l'on nomme aujourd'hui Palestine, soit le territoire qu'occupent les Palestiniens, a vu sa superficie fortement réduite par rapport au plan de partage, et ne représente plus que le tiers de la Palestine mandataire. La Cisjordanie a été annexée par le royaume hachémite et la bande de Gaza par l'Egypte.
 

Les kibboutz, malgré leurs réelles aspirations communautaires et égalitaires, exploitaient bien souvent les terres de paysans arabes expulsés. Il s'est développé un contraste marqué entre le respect de l'égalité au sein du kibboutz, sorte d'expérience réussie du socialisme, et, en parallèle, une ségrégation et discrimination très forte vis-à-vis de la population arabe. La société qui se construit alors finit par reconstituer puis dépasser les dérives libérales et inégalitaires que dénonçaient en Europe les immigrants socialistes des premières années.

Israël s'approprie par une série de loi les possessions palestiniennes, soit 300 000 hectares et plus de 70 000 pièces d'habitations non détruites. A la fin de la guerre, les Palestiniens ont expulsé les familles juives de Jérusalem-Est. Pour les sionistes, l'occupation des maisons arabes résout le problème de l'absorption des immigrants juifs.
Dans les villages palestiniens occupés par l'Etat hébreu après sa victoire, une loi martiale est instaurée, dont le terme officiel sera mis en 1966. De nombreux Arabes sont ainsi placés en détention sans charge et emprisonnés sans procès parfois pendant plusieurs années. Ces peines « administratives » seront utilisées quelques décennies plus tard sur les Palestiniens des territoires occupés à partir de 1967, et encore aujourd'hui (1999). Pour toute personne de confession juive à travers le monde, est créé un droit d'immigration dans l'Etat hébreu, c'est la « Loi du retour », instaurée en 1950. Au cours de ces années et même ces dernières années, les populations rurales arabes, mais aussi les Bédouins du désert du Neguev, sont sous la menace d'expropriations, marquées par la destruction de leur habitations. Les Arabes citadins sont moins touchés même si leur intégration au sein d'Israël est rendue très délicate, encore aujourd'hui, par des lois explicitement discriminatoires (certaines lois sur les allocations familiales par exemple, d'autres sur les droits de propriété).

Bibliographie : Le péché originel d'Israël - L'expulsion des Palestiniens revisitée par les "nouveaux historiens" israéliens, Dominique Vidal, Les Editions de l'Atelier ; L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

Guerre des Six-Jours
 
Une guerre d'usure commence sur les frontières jordanienne et égyptienne. En 1953, en représailles à un attentat qui fait 3 victimes israéliennes, l'unité Force 101, dirigée par Ariel Sharon, rase au bazooka le village jordanien de Qibya, soixante-six civils y sont abattus. Le Conseil de sécurité de l'ONU condamne sans suite Israël. Réagissant lorsque Nasser les défie en nationalisant en 1956 la compagnie du canal de Suez, la France et l'Angleterre, les deux puissances colonisatrices de la région, interviennent militairement avec l'appui de l'armée israélienne. Celle-ci prouve ainsi son engagement et son efficacité au côté des puissances occidentales, espérant obtenir en contrepartie des appuis diplomatiques et des aides financières. Quelques heures avant l'engagement du conflit, 47 Palestiniens du village de Kafr Kassem sont massacrés, fusillés par des soldats de Tsahal pour ne pas avoir respecté un couvre-feu décrété dans la journée dont ils n'avaient pu être avertis.

La guerre de 1967, dite "des Six-Jours", qui oppose une nouvelle fois Israël à ces voisins arabes, est en réalité préparée par l'Etat hébreu cinq ans auparavant. Des Mirages français sont achetés pour une attaque de grande envergure contre Nasser. C'est le plan « Focus », tenu secret jusqu'au dernier moment. Dans le contexte des provocations verbales de Nasser, qui n'avait en fait ni les moyens ni l'intention de se lancer dans la guerre, comme l'ont reconnu plus tard des généraux israéliens tel Moshe Dayan, l'incertitude gagne les populations tant israélienne qu'arabe. Alors que les Syriens craignent une intervention sur leur sol de l'Etat hébreu, Nasser réaffirme la force et l'unité arabe en bloquant le golfe d'Aqaba (5 % du commerce d'Israël se faisait par ce port). Il ne mesure pas les conséquences de cet acte, considéré comme casus belli par Israël.
Sur les origines du conflit, Itzhak Rabin, qui était chef d'état-major de l'armée de l'époque, a démenti la version officielle israélienne : "Je ne pense pas que Nasser voulait la guerre. Les deux divisions qu'il envoya dans le Sinaï, le 14 mai, n'auraient pas suffi pour lancer une offensive contre Israël. Il le savait et nous le savions." De même, le général Matiyahou Peled : "La thèse selon laquelle le génocide était suspendu sur nos têtes en juin 1967, et qu'Israël combattait pour son existence physique, n'était qu'un bluff." Enfin, de la bouche même du premier ministre Lévi Eshkol : "Le déploiement militaire égyptien dans le Sinaï, à la veille de la guerre, était d'ordre défensif".

Les forces juives rentrent en action le 5 juin et clouent en quelques heures l'aviation égyptienne au sol. Malgré lui et sous la pression populaire, le roi Hussein fait entrer la Jordanie dans le conflit, qui devient une cuisante défaite pour les nations arabes. Israël occupe à l'issue de la guerre toute la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie, ainsi que le plateau du Golan syrien. Les efforts stratégiques sur ce dernier, contrairement à la version longtemps officielle, étaient davantage de récupérer de nouvelles terres pour les kibboutz israéliens que de mettre un terme aux attaques syriennes depuis la frontière.
La défaite de 1967 amène 200 000 nouveaux réfugiés dans les camps de Jordanie, de Syrie ou du Liban. L'intransigeance du premier ministre israélien Golda Meir bloque tout accord pendant de nombreuses années, notamment sur le Sinaï. La même année, Jérusalem-Est est annexé par Israël. En Cisjordanie, les Palestiniens sont maintenant sous l'occupation israélienne, après la période jordanienne qui, malgré ses contraintes, leur avaient permis de développer l'éducation, les structures d'urbanisation et d'habitation dans une bien plus grande mesure que les Arabes en Israël.
 

C'est dans cette période que les mouvements palestiniens prennent de l'importance.
A l'origine, l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), créée en 1964, était une tentative des dirigeants des régimes arabes du Moyen-Orient de contrôler les aspirations nationalistes palestiniennes. De petits mouvements s'opposaient déjà. Le Fatah, fondé par Arafat en 1959, voulait maintenir une lutte en Palestine alors que le Mouvement nationaliste arabe de Georges Habache (qui dirigera plus tard le FPLP) avaient en théorie l'autre objectif d'évincer les régimes arabes. Par ses coups d'éclat, comme la bataille de Karameh en 1968, le Fatah parvient à prendre la direction de l'OLP. Accepter Arafat à la tête de l'OLP est un moindre mal pour les dirigeants arabes qui craignent davantage les mouvements susceptibles de renverser leur régime.

Encore très dépendants des anciennes puissances colonisatrices et sous la direction de classes dirigeantes peu soucieuses des revendications populaires, les gouvernements des nouveaux Etats arabes prêchent une unité arabe dans leurs discours mais l'ignorent singulièrement dans les faits. En dénonçant Israël, ces pays apparaissent comme défenseurs de la cause palestinienne, mais leurs délires nationalistes servent essentiellement à retarder une démocratisation de leur propre régime. L'OLP, crainte pour une éventuelle contagion contestataire dans les pays arabes, n'en est pas moins soutenue financièrement par ces derniers, car son combat maintient les yeux tournés vers Israël. Les pays du Golfe acceptent notamment le prélèvement d'un impôt chez les travailleurs palestiniens reversé à l'OLP. Cette réserve d'argent permet à l'OLP de financer un appareil et ses représentations, institutions publiques caritatives et missions diplomatiques, ainsi qu'un appareil militaire. Cet Etat en gestation prend place dans les pays où se réfugient les combattants, Jordanie, Syrie, Liban et enfin Tunisie.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

Septembre noir
 
Agissant depuis la Jordanie, les fedayin (combattants palestiniens) menacent le pouvoir du roi Hussein. Le FPLP se lance quant à lui dans de spectaculaires attaques terroristes. La présence des milices palestiniennes sur le sol jordanien, l'hostilité avouée de certaines d'entre elles comme le FPLP à l'autoritarisme du régime politique ainsi que le soutien qu'elles recueillent des réfugiés, amènent Hussein à précipiter les choses et à écraser en septembre 1970 ces groupes armés. La répression, nommée Septembre noir, qui fait vraisemblablement près de 3500 victimes, n'empêche nullement Arafat d'accepter une réconciliation quelques jours plus tard sous l'égide de Nasser. Peu désireux de perdre un allié potentiel, Yasser Arafat voit également ses rivaux du FPLP et du FDPLP davantage affaiblis. Les Palestiniens sont expulsés vers le Liban et la Syrie.

En 1972, Septembre noir, organisation émanant du Fatah, commet aux Jeux olympiques de Munich une prise d'otages qui voit la mort de 11 Israéliens. Une version plausible de journalistes allemands et israéliens rapporte aujourd'hui que les athlètes israéliens ont été tués par erreur lors de l'assaut par les policiers allemands. Golda Meir met en place un commando pour assassiner chacun des acteurs de la prise d'otages.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

Guerre d'Octobre 1973
 
La guerre d'octobre 1973 marque un tournant dans la suprématie militaire israélienne. Avant qu'Israël ne rétablisse la situation, Egypte et Syrie jouent sur l'effet de surprise pour gagner du terrain. Leur objectif, préparé depuis plusieurs années, est de reprendre les territoires occupés en attaquant pendant Kippour, jour férié en Israël. Après des avancées importantes de l'armée égyptienne qui mettent pour la première fois en péril l'Etat hébreu, celui-ci reprend le dessus avant d'accepter un cessez-le-jeu sous les pressions conjuguées des Américains et des Russes. La population israélienne reproche à son gouvernement, notamment à Golda Meir, de ne pas avoir anticiper le conflit. Des témoignages ultérieurs rapportent qu'elle n'a pas tenu compte des mises en garde venant d'Amman l'informant de l'imminence de l'attaque égyptienne. Elle doit démissionner.

Un scénario analogue à ce qui s'est produit en Jordanie a lieu au Liban, pays d'où opèrent désormais les mouvements palestiniens.
Même si la direction des mouvements palestiniens assure au Liban de ne pas se mêler de ses affaires intérieures, une menace est perçue lors de manifestations et grèves à partir de 1973. Les fedayin et des Libanais pauvres s'assemblent en groupes armés et, après des intimidations comme celle de Saïda en février 1975, la droite libanaise ordonne une répression de prévention qui tourne rapidement à la guerre civile.

Les élections de 1977 qui voient, après Rabin, l'arrivée de la droite nationaliste au pouvoir permettent paradoxalement à Israël de faire la paix avec un premier voisin arabe, l'Egypte. Les accords de Camp David signés avec le président américain Carter aboutissent au retrait du Sinaï en échange d'une reconnaissance par les Egyptiens de l'Etat hébreu. L'autre partie de l'accord, qui prévoit une autonomie pour les territoires palestiniens occupés, sera vite oubliée. Pour le premier ministre israélien Begin, qui fut le chef de l'Irgoun, toute la Palestine appartient au peuple juif. Ces années verront par contre le développement de l'implantation de colonies juives en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, commencée sous les travaillistes.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

La Guerre du Liban
 
Israël s'engage pourtant dans une nouvelle guerre qui change la donne au Moyen-Orient. Après une première percée israélienne au Liban qui crée un front dit « de sécurité » en 1978, est déclenché en 1982 la guerre du Liban, véritable campagne de conquête qui débouche sur Beyrouth. Accompagné du bombardement de tout le sud du pays, la guerre fait, selon les sources, entre 10 000 et 30 000 morts.
Le conflit peut en grande partie être mis sur le compte du général israélien Ariel Sharon, connu pour ses idées d'extrême-droite, peu soucieux des vies humaines et des ordres de son gouvernement. Dès janvier 1982, Ariel Sharon informe le dirigeant des milices libanaises phalangistes d'extrême-droite, Bechir Geyamel, de son intention d'envoyer Tsahal « nettoyer » Beyrouth de l'OLP. Le premier ministre Begin soutient une offensive destiné à se débarrasser des « bipèdes » palestiniens, même s'il n'est que partiellement tenu au courant des véritables objectifs de Sharon.
Si l'OLP est effectivement contrainte de quitter son quartier général sous la protection d'un contingent international composé d'Américains, de Français et de Britanniques, la tentative de mettre à la tête de l'Etat libanais un pouvoir qui soit lié à Israël échoue. En effet, après l'assassinat de Bechir Geyamel, son frère Amine devenu président préfère les garanties syriennes au rapprochement israélien.

Mais un événement retentissant marque un tournant de l'opinion internationale et même des Israéliens eux-mêmes sur les desseins de cette guerre. En septembre 1982, un massacre à Sabra et Chatila, des camps de réfugiés palestiniens, est opéré par les phalangistes sous la protection de l'armée israélienne. Plus de 1000 personnes y sont massacrées. Sous les pressions des nations occidentales, Israël doit faire marche arrière.
Un contingent international remplace les troupes israéliennes pour un temps, avant de se retirer après une série d'attentats faisant chez les soldats américains et français des centaines de morts.

L'OLP est partie pour Tunis, bien loin de Gaza et de la Cisjordanie occupés par Israël. Le gouvernement israélien d'alternance, entre Pérès et Shamir, tente de relancer avec Hussein l'"option jordanienne", qui prévoit une rétrocession de la Cisjordanie à la Jordanie, mais Shamir s'y oppose.

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Intifada
 
Ce sont les Palestiniens "de l'intérieur" qui vont finalement reprendre une lutte contre l'occupation, en décembre 1987, par le déclenchement de l'Intifada, le "soulèvement". Bien plus qu'une révolte nationale, il s'agit d'une révolte sociale que vont longtemps sous-estimer les autorités israéliennes. Yitzhak Rabin, ministre de la défense, est décidé à écraser la contestation. Les fusillades, les passages à tabac et les arrestations se multiplient. L'armée israélienne est autorisée à employer les méthodes les plus violentes contre les manifestants. Le couvre-feu est établi et des milliers de Palestiniens sont arrêtés ou torturés, enfermés. Il n'est pas rare dans les premières années, que les conditions de détention soient telles (dans la prison d'Ansar III par exemple) que les prisonniers sont maintenus longtemps dans l'obscurité totale, deux détenus par mètre carré.
La révolte vient d'une population qui n'a connu que l'occupation militaire, aggravée par l'installation de colonies juives souvent habitées par les Juifs les plus nationalistes. Une population très jeune s'opposent aux soldats par des jets de pierres alors que la situation économique, la misère des bidonvilles, des camps de réfugiés, le chômage et les humiliations de l'armée sont devenus le quotidien.

Pour faire respecter la loi martiale, les soldats ont l'autorisation de tirer à vue sur ceux qui enfreignent le couvre-feu, tandis que des maisons de manifestants sont rasées en guise de représailles. Les victimes, handicapés à vie et blessés se comptent par dizaines de milliers. La torture, courante dans les centres de détention du service de sécurité intérieure israélien, le Shin Beth, est légalisée par Israël. Même si des acteurs de la scène palestinienne influencent l'Intifada, comme Abou Jihad, qui est assassiné par les Israéliens en 1988, la révolte est spontanée et impose une remise en question des Israéliens sur leur occupation militaire, mais également des représentants palestiniens.

La situation s'éclaircit lorsqu'en 1988, le Jordanie renonce définitivement à toute souveraineté sur la Cisjordanie. L'OLP reconnaît en novembre 1988 les résolutions des Nations unis 181 (partage de la Palestine), 242 et 338 (reconnaissance de l'Etat hébreu et retrait des forces juives des Territoires occupés) et renonce définitivement au terrorisme. Un « Etat » palestinien est proclamé, que reconnaissent 90 pays. Les Etats-Unis acceptent le dialogue avec l'OLP et Arafat déclare « caduque » la charte de son mouvement en 1989. Israël refuse pourtant les compromis américains et l'Intifada se prolonge jusqu'en 1993.

Au début des années 90, Israël tente encore de contrebalancer le poids de l'OLP comme représentant des Palestiniens. Yitzhak Rabin a reconnu avoir armé et financé le mouvement islamiste Hamas, avant que celui-ci n'échappe au contrôle israélien et ne se révèle vite plus radical que l'OLP. Dans les territoires occupés, les activistes assassinent désormais les Palestiniens qui collaborent avec l'Etat hébreu.

La guerre du Golfe, en 1991, marque un tournant pour l'OLP et aurait pu causer sa perte. De nombreux Palestiniens reconnaissent en Saddam Hussein le premier chef d'Etat arabe à agir en leur nom, oubliant la répression qu'il maintient depuis de nombreuses années dans son propre pays. Hussein lie en effet son retrait du Koweit au retrait israélien des territoires occupés. Lors de l'attaque de l'alliance occidentale, l'Irak parvient à envoyer quelques missiles sur Israël, mais les Etats-Unis interdisent à ce dernier toute réplique sous peine de voir la coalition arabe anti-irakienne s'effondrer.
Le ralliement de l'OLP au régime irakien provoque deux énormes dommages, vis-à-vis de l'opinion internationale et vis-à-vis des pays du Golfe qui coupent toute subvention à l'OLP et expulsent les Palestiniens de leurs territoires.

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Les accords d'Oslo
 
La conférence de Madrid en octobre 1991 amène pourtant le retour en force de l'OLP qui dirige la représentation palestinienne. Le dialogue est amorcé et Shamir perd sur de nombreux points le soutien des Américains, avant de perdre les élections et de laisser la place à Rabin. Lors de la campagne, les discours racistes de la droite ont finalement lassé une opinion prête au dialogue avec les Palestiniens.
Des négociations secrètes à Oslo débouchent sur un accord en 1993 qui bouleverse les données du Proche-Orient. En échange de la reconnaissance de l'Etat hébreu, Israël reconnait l'OLP comme représentant du peuple palestinien.
Un prix Nobel de la paix va récompenser les efforts de Rabin, Pérès et Arafat.
En février 1994, un extrémiste juif tue 29 Palestiniens à Hébron, mais les négociations sont déjà lancées. Le 4 mai, la bande de Gaza et la ville de Jéricho acquièrent un statut d'autonomie et, en juillet, Gaza fête le retour d'Arafat.

Mais les obstacles commencent à fortement peser sur la paix. La colonisation se poursuit dans les territoires occupés et les cafouillages se multiplient dans l'Autonomie. Les nouvelles institutions sont souvent mal adaptées. Le second accord en 1995, dit Oslo II, prévoit les élections d'un Conseil national palestinien et de son président. La Cisjordanie est découpée en une centaine d'enclaves qui ont trois statuts différents. L'armée israélienne se retire des 8 plus grandes municipalités palestiniennes.

Mais les opposants aux accords sortent les armes. Les attentats du Hamas et du Djihad islamiste reprennent tandis que l'extrême-droite israélienne accuse le gouvernement de collaboration avec les Palestiniens. En novembre 1995, Rabin est assassiné par un extrémiste juif. Les déchirures d'Israël se retrouvent au premier plan.

En janvier 1996, lors des premières élections palestiniennes, Arafat est élu président de l'Autorité palestinienne et son parti, le Fatah, recueille la majorité des sièges. Dans les mois qui suivent, l'Autorité palestinienne obtient du Hamas une trève des attentats.

Mais le nouveau premier ministre intérimaire, Shimon Pérès, soucieux de se donner une image de maître de la sécurité en Israël, ordonne l'assassinat par ses services de l'un des principaux activistes du Hamas, Yehia Ayache. En février et mars 1997, des attentats terroristes en représailles font près de 60 victimes en Israël. Le choc est terrible dans la population. De son côté, l'Autorité palestinienne paie le prix d'une politique israélienne longtemps ambiguë vis-à-vis des mouvements islamistes.
Sur un autre front, celui du Liban, Pérès, dans un souci de fermeté face aux harcèlements des milices islamistes, lance une attaque accompagnée de bombardements des forces de résistance du Hezbollah dans la banlieue de Beyrouth. Un quartier de l'ONU à Cana qui accueille des réfugiés est touché et l'on dénombre une centaine de morts.

Cette situation de crise profite à Nétanyahou qui gagne sur le fil les élections et ramène le Likoud au pouvoir.
Dès son arrivée, sa politique provoque des affrontements de plus en plus violents avec la population palestinienne. L'ouverture d'un tunnel dans la vieille ville de Jérusalem le long de l'esplanade des mosquées fait une centaine de morts. La ville d'Hébron est en partie évacuée par l'armée israélienne mais la colonisation de la Cisjordanie reprend sur un rythme encore plus soutenu. L'économie palestinienne, sur laquelle Israël a tout contrôle, subit un fort contrecoup. Les bouclages répétitifs et le morcellement des territoires sous autonomie palestinienne se répercutent dans un pouvoir d'achat qui a chuté de 40 % depuis 1994. Enfin, les pratiques des nouvelles polices mises en place en Palestine et réclamées par les accords d'Oslo ne diffèrent pas de celles de l'armée israélienne. Pour de nombreux opposants politiques de la gauche palestinienne, ces accords font passer la répression militaire des mains des Israéliens à celles de l'Autorité palestinienne, sans que la population ne voit de réels changements concernant la colonisation israélienne ou la confiscation des terres. Arafat est accusé d'une collaboration excessive qui ne sert au final que les intérêts de son propre clan. Des centaines de militants islamistes ou opposants à sa politique autocratique sont emprisonnés arbitrairement, parfois torturés. Les conclusions d'un audit international (Américains et Européens notamment) rendues en 1999 témoignent cependant d'avancées démocratiques significatives du régime.

En Israël, Nétanyahou signe un mémorandum d'application en 1998 à Wye River avec les Palestiniens, mais perd le soutien des partis les plus nationalistes qui formaient sa majorité à l'assemblée. Seule la phase initiale de l'accord est appliquée et des élections anticipées sont organisées. Ehoud Barak, leader des travaillistes, est le nouveau premier ministre en 1999. L'accord de Wye est renégocié en septembre à Charm el Cheikh. L'administration israélienne sur les territoires passe alors géographiquement de 71 % à 60 %, l'occupation militaire israélienne de la Cisjordanie (hors Jérusalem-Est) de 90 % à 82 %, tandis que la date limite des négociations sur le statut final est reportée à septembre 2000. La même année, la torture devient illégale dans les centres de détention du Shin Beth (elle concernait jusqu'alors près de 1000 Palestiniens chaque année, selon des sources israéliennes). Elle est cependant maintenue dans la zone occupée du sud-Liban dans un centre considéré comme parmi les plus sordides. Enfin, sous la pression de partis qui composent sa majorité, Ehoud Barak poursuit certains programmes de colonisation en Cisjordanie ainsi que la politique de destruction de maisons et d'expropriation des terres palestiniennes.

Après les révélations d'un conseiller du président syrien El Assad concernant les promesses de Rabin d'un retrait total du Golan, des négociations intensives reprennent entre Israël et la Syrie ; elles sont interrompues pour un litige concernant la rive nord-est du lac de Tibériade qu'Israël souhaite garder sous sa souveraineté.

En mai 2000, l'Etat hébreu se retire de la zone qu'il occupait au sud-Liban, sans que toutefois un accord soit trouvé concernant les réfugiés palestiniens du Liban.

Bibliographie : L'Histoire N°212 ; Encyclopédie Larousse ; Exposés du CLT, N°2, 58, 67 ; Une terre deux fois promise Israël-Palestine, William Karel, Laurent Rucker.
 
 
 

Etat de Palestine ?
 
Les accords d'Oslo ont certes lancé une dynamique, peut-être aujourd'hui irrésistible, mais le bilan est maigre. Sur de très nombreux points, la situation s'est très nettement dégradée avec l'application des accords et alimente une opposition dont la justesse des arguments est difficilement contredite. Les Palestiniens ont vu une partie de leurs revendications reconnue par la fin de l'occupation militaire dans plusieurs agglomérations. Mais cette occupation était de toute façon provisoire. Dans le même temps, la colonisation de la Cisjordanie suit la logique du fait accompli. De nombreux responsables palestiniens s'interrogent sur ce qu'il restera finalement à négocier. Combien de colons le gouvernement israélien pourra-t-il dédommager lors des retraits indispensables des populations ? Comment envisager d'ailleurs l'évacuation de colonies comme celle d'Ariel, avec hôpital, écoles, plusieurs milliers de logements ? Des colons qui ne sont pas expulsés sont-ils prêts à vivre sous autorité palestinienne ? Une frontière zigzaguant entre les colonies qu'Israël ne souhaite pas évacuer a-t-elle un quelconque avenir ?
Et qu'en est-il de cette population arabe de l'Etat hébreu, qui ne se reconnaît pas israélienne mais palestinienne ? Les responsables israéliens vont-ils admettre, sous la pression des intellectuels d'Israël et d'ailleurs, que leur pays est directement responsable des camps de réfugiés où s'entassent encore dans la misère des millions de Palestiniens, en Palestine, au Liban, en Jordanie, en Syrie, et ne plus déplacer la responsabilité de cette situation sur les pays arabes ?

Il est difficile de croire que les Israéliens, qui affirment vouloir la paix, aient compris ce que la paix implique, c'est-à-dire un minimum de justice, d'égalité des droits et de réparation. On peut douter aussi que les Israéliens, qui reconnaissent aujourd'hui en majorité le droit aux Palestiniens de créer leur Etat, en aient saisi les conséquences, sur la continuité géographique nécessaire, le non-enclavement, la souveraineté sans limite de la Palestine comme celle dont jouit l'Etat hébreu. Aujourd'hui, le passé est peut-être trop lourd pour envisager, au moins dans un premier temps, un unique Etat binational sur l'ensemble de la Palestine historique.

L'histoire s'est souvent joué dans cette région par la personnalité de quelques dirigeants. Ehoud Barak, le nouveau premier ministre, est un militaire de haut rang qui a batti sa carrière sur ses faits d'armes contre la résistance palestinienne et qui inspire de légitimes doutes aux partisans de la paix. Son propre parti le désignait en 1998 comme le Nétanyahou-bis, un "faucon" parmi les travaillistes (on désigne ainsi les partisans de la méthode "musclée" envers les Palestiniens). A l'inverse de Pérès, qui voyait l'avenir d'Israël et de la Palestine en une large confédération, Barak est davantage un "séparatiste", favorable à l'Etat de Palestine dans la mesure où il sépare les deux populations. Barak pourrait manquer d'une moitié intellectuelle et diplomate, de la même façon que le couple Rabin-Pérès avait fonctionné, et semble pressé de régler ce qui peut l'être, en gelant le traitement des questions essentielles.

Un accord israélo-palestinien qui passerait sous silence les problèmes fondamentaux, l'occupation et la judaïsation de la Jérusalem arabe, l'avenir de la population palestinienne d'Israël, la légitimité du principe d'un droit de retour aux réfugiés et une souveraineté réelle de l'Etat de Palestine, n'offrirait qu'un sursis, en attendant l'avènement d'un véritable respect des peuples, de leur identité.
 
 
 

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